En piscine, au quotidien : « Je ne nage pas une distance mais un temps. Compter les longueurs retirerait à cette activité toutes ses vertus, dont la principale est de détendre membres, muscles et cerveau. Je nage en m’efforçant de ne penser à rien, ni à ce que j’ai fait, ni à ce que je dois faire, demain ou tout à l’heure (…). À rien, vous dis-je. C’est une parenthèse que je m’offre, suspendue, dégagée de toute réalité. Je ne réfléchis pas non plus à mon corps, qui n’a pas besoin de moi pour savoir ce qu’il a à faire. J’essaie même de ne plus songer à l’histoire que je suis en train d’écrire. Je la mets à tremper, ce qui n’a rien à voir. Elle m’attend, accrochée au bord du bassin, et au bout d’une heure dans le chlore elle s’est comme assouplie, dénouée au contact de l’eau, suffisamment ramollie pour que je puisse à nouveau la travailler ». (L’Ange anatomique)
En eau libre, dès que j’en ai l’occasion, à la faveur de courses dont la dimension compétitive ne m’intéresse pas du tout, mais qui me permettent de nager dans des eaux de légende, dans des paysages exceptionnels.
* L’Odyssée du 13 (La Ciotat) : à deux reprises, en 2015 et 2016, j’ai nagé de l’île verte à la plage Lumière, à La Ciotat. 3 kilomètres avec palmes. En nageant, j’ai écrit cette nouvelle éponyme.
* La traversée des îles de Lérins (Cannes) : en 2017, j’ai nagé dans ce magnifique paysage d’enfance, entre les îles Sainte Marguerite (où j’ai découvert l’œuvre de Nicolas Bouvier !) et Saint Honorat. 1,5 kilomètres sans palmes.
* Le défi du Monte Cristo (Marseille) : en 2017, j’ai nagé depuis l’île du Château d’If à la plage du Prado, à Marseille. 5 kilomètres avec palmes.
* Bosphorus cross-continental swimming race (Istanbul) : en 2023, j’ai nagé depuis Kanlıca, sur la rive asiatique du Bosphore, jusqu’à Kuruçeşme, sur la rive européenne. 6,5 kilomètres sans palmes (avec un très fort courant à ne surtout pas s’amuser à remonter !)