La fin du voyage

Éditions Labor&Fides, 2022 – Où trouver ce livre ? Partout, et en librairie c’est mieux !

Extrait : Dès l’instant où l’on publie quelque chose, la légende du moi s’enclenche. À l’heure où la moindre information a la mobilité d’un virus, il se trouve toujours quelqu’un pour vous créer une page Wikipédia ou vous raconter en trois lignes sur son mur Facebook, tandis que bloggeurs et journalistes se recopient les uns les autres à partir d’une biographie de cinquante mots qu’un jour on a eu la faiblesse de fournir. Alors, la bobine du récit de soi, jusque-là lovée serrée au creux de l’ombilic, échappe et se dévide sans plus pouvoir être rattrapée. On assiste, curieux et impuissant, à la fabrication d’un personnage dénué de complexité, qui ne nous est pas tout à fait étranger, qu’on se préfère parfois, qui nous agace et qui nous attendrit. On lui apporte quelques retouches au gré d’interviews éclairs, mais on comprend vite devoir s’en arranger à défaut de pouvoir l’étrangler sans disparaître avec lui, le monde contemporain exigeant étiquetage et image. Moi, c’est la « Grande Voyageuse ». Et ne jouons pas sur les mots. Personne n’a jamais entendu par là le voyage immobile, psychique, au coin de la rue, autour de ma chambre… Tous ont pensé kilomètres, itinérance, distance, décalage horaire, sac à dos, et considéré que le mouvement constituait le gros de ma vie. C’est contre cette idée que je compose ce texte : que ne soit pas renié ce qui fut, d’accord, mais que soit ici rétablie une forme de vérité, fût-elle moins tape à l’œil.

 

Traduit en cours en TURC éditions Kafka Kitap, à paraître

Revue de presse

> Canal Psy
Revue de la faculté de Psychologie, Lyon 2.